Non cher M.Alexandre, l'humanité ne vivra pas 1000 ans.
Si nous admettons que les progrès techniques seront tels que l'espèrent les transhumanistes, on peut avoir la certitude que l'humanité ne vivra pas éternellement. Si le progrès atteint un tel niveau à l'avenir, alors pourquoi ne pas imaginer que l'homme du futur pourra stimuler mécaniquement les zones du plaisir de son cerveau dans le but d'aitteindre un état de bonheur maximum et permanent bien que virtuelle ? Tout cela me paraît fort crédible.
Or qu'est-ce que le moteur de l'homme ? Il s'agit du désir. Qu'est-ce que le désir ? C'est une aspiration à combler un manque - la soif est un manque d'eau comme la faim est un manque d'aliments -, en somme, le désir est donc une souffrance comme le dit très justement Schopenhauer. Si l'homme du futur arrive à créer cet état de bonheur virtuelle permanent chez son semblable, il se retrouvait tel une voiture sans essence. Destiné à la casse. Pourquoi travailler, manger, produire, réfléchir, se lever ou même respirer quand nous sommes dans ce bonheur si particulier où le manque n'est pas ressenti ? La souffrance - donc les désirs - n'est plus, dissimulée par le bonheur virtuel du cerveau, le corps est ainsi destiné à se laisser mourir. Y a-t-il une seule raison de refuser ce bonheur dans le calcul utilitariste et rationnel qui anime nos chers transhumanistes ? Aucune. La peur de la mort ? Téléchargeons notre esprit au sein d'un ordinateur et nous voilà immortels !
Voilà donc l'avenir de l'humanité : une bande de légumes imbécilement heureux au sein d'une carte mémoire ! Peut-on vraiment encore parler d'humanité ? N'est-ce pas au fond un suicide à tendance orgasmique ?
Alors non, l'humanité ne vivra pas 1000 ans, elle est destinée à devenir - d'ici peu visiblement - un code informatique selon la logique des thanshumanistes. Mais - comble de l'ironie - l'humanité étant plus complexe, et l'univers n'étant pas éternelle, la peur de la mort animera certainement encore beaucoup d'hommes. Résultat, les bio-conservateurs - épris de religion - survivront aux transhumanistes en acceptant le pari de Pascal dans le sens de celui-ci. Car ils parieront sur le paradis céleste et éternel plutôt que la carte mémoire terrestre au fond si limitée par la durée de l'univers... Qu'est-ce que des milliards d'années de bonheur par rapport à une infinité de ce même bonheur promis par Dieu ? Moins qu'un grain de sable dans le désert ! Encore plus si c'est une infinité de temps aux enfers qui attend les partisans de la carte mémoire... Sombre calcul.
Bien sûr, tout cela dépendra de l'attitude des pouvoirs religieux face à ce dilemme. S'ils ne condamnent pas le choix de la carte mémoire, une grande partie de l'humanité disparaîtra... Si aucune pression spirituelle n'a lieu sur les hommes alors ils feront le choix du suicide jouissif et de la fin de l'humanité. Mais j'en doute. L'homme est un animal métaphysique et trop craintif pour ne pas se soucier de l'après vie terrestre.
CQFD